"La partie la plus cérébrale du jeu, de beaucoup la plus importante, demeure invisible; c'est donc que le muscle y sert d'écran à l'intelligence." Pierre de Coubertin

J'accompagne mon fils à ses matchs de foot tous les week-ends, hormis bien entendu lorsque je travaille sur le week-end. Et encore, le dernier week-end où j'ai travaillé, j'ai pris des jeunes pour aller voir jouer un jeune de la mecs (ça c'était l'excuse pour les autres, moi ce qui m'importait le plus c'était mon petit poulet) qui est dans la même équipe que mon fils. Tous les week-ends, c'est la sortie à "la ville" étant donné que nous sommes éloignés d'une cinquantaine de kilomètres de la plus part des adversaires qui sont à proximité de la préfecture du département. Ils ont un bon groupe de gentilshommes (trop peut-être ?) qui s'entendent très bien sur et en dehors du terrain (squat de la maison le vendredi à la fin des cours avant l'entraînement). Les parents c'est idem, bonne ambiance, cela rigole bien autour du stade, cela chambre aussi car à chaque match un papa est dépité (un peu fort comme mot) ou plutôt râle de voir son rejeton jouer (c'était souvent moi mais beaucoup moins c'est dernier temps) car c'est normal (ou pas d'ailleurs), nous avons envie que nos enfants soient au top de leur capacité en prenant compte bien sûr des capacités de chacun. Sur le lot de parents, il y en a un qui est spécial (ça l'empêche pas d'être sympa), il voit son fils dans une grande équipe régionale pour ne pas dire qu'il le verrait bien être professionnel dans quelques années. Ce n'est pas forcément de sa faute, un dirigeant lui a monté le bourrichon (la tête) en lui répétant sans cesse que son fils était l'un des meilleurs de la région dans sa catégorie. À force même le gamin s'est mis à le croire donc c'est souvent de la faute des autres et non de la sienne (l'externalité) quand il prend un but (vous avez compris qu'il était gardien). Il m'est arrivé de lui rappeler une paire de fois de "s'occuper de ce que tu as à faire avant de penser aux rôles des autres" (un peu d'internalité mon petit) car c'est bien beau de dire à ses coéquipiers "fais ci ou fais ça" et de se trouer derrière tout en rejetant la faute. D'ailleurs ils avaient les "détections" soit un rassemblement de jeunes du même pour sélectionner lors d'un stage les "meilleurs" (les guillemets sont importantes car il y a du copinage dans ce genre de truc) du département. J'ai vu ce gamin ravi de ne pas avoir été invité pour le dernier tour de sélection comme s'il évacuait toute la pression que le dirigeant et son père avaient indirectement (ou directement pour le dirigeant). Il a le temps de se prendre la tête, que le sport reste dans un premier temps un loisir. D'ailleurs c'est le sentiment que donne le nouveau petit prodige du foot français, Killian M'Bappé, prendre du plaisir en pratiquant sa passion, son loisir. Lui, ce qui l'intéresse c'est de s'éclater sur un terrain de foot, le reste il s'en moque. Il a un vrai talent pour un gamin de 18 ans mais je pense que le plus gros qu'il ait, c'est de rester naturel sans se prendre la tête malgré les sollicitations auxquelles il est sujet.

Le sport est source de richesse avec tout l'argent qu'il génère mais peut-on être réellement bon si l'on en perd la passion de le pratiquer, je n'en suis pas persuadé.